Le Livre
« Ai-je repéré cette brèche pourtant invisible à l’œil nu lorsqu’il m’a tendu la première cigarette ? Oui, j’ai dû identifier une ligne de faille dans la perfection acharnée qu’il arborait. Et aussi : que tout était fabriqué chez lui. Toujours : jouer le jeu du mieux possible et en tout. J’ai dû espérer secrètement qu’il me consacrerait le reste. Quoi le reste ? Je voulais : tout ce qu’il gardait pour lui (imaginais-je) et que je serais seul à pouvoir abriter. Ainsi fut fait. »
Ils sont deux. Deux garçons partageant les mêmes exaltations et le même ennui, caressant les mêmes horizons et les mêmes ténèbres. Mais à la sortie de l’adolescence, quand le moins assuré – le narrateur – parvient à se tenir debout, l’autre voit son élan brisé et trouve refuge en hôpital psychiatrique.
Pourquoi l’un et l’autre pas ? Ces trajectoires qui s’écartent, cette amitié sur le fil, passionnelle et incontrôlable, Arnaud Cathrine en fait par fragments le récit déroutant, inspiré par une série de photos d’Éric Caravaca. En marge des tournages, le comédien et réalisateur pratique depuis longtemps la photographie, composant avec discrétion une œuvre singulière.
The Lost Boys
There are two of them. Two boys share the same excitements and the same boredoms. But coming out of adolescence, while the unsure one – the narrator – begins to stand tall, the other sees his spirit broken and finds refuge in a psychiatric hospital. Why one and not the other? Arnaud Catherine tells an episodic story of a friendship over time, passionate and uncontrollable, inspired by the photography of actor and director Éric Caravaca.
Les auteurs
Arnaud Cathrine
Arnaud Cathrine est né en 1973. Auteur d’un premier roman remarqué, Les Yeux secs en 1998, il a fait paraître depuis aux éditions Verticales : L’Invention du père [1999], La Route de Midland [2001], Les Vies de Luka [2002], Sweet home [2005], La Disparition de Richard Taylor [2007], Le Journal intime de Benjamin Lorca [2010], Je ne retrouve personne [2013] et dans la collection Minimales, Exercices de deuil [2004]. Il a également publié des ouvrages dans la collection Médium à l’École des Loisirs et un exercice d’hommages littéraires, Nos vies romancées [Stock, 2011 ; Livre de poche, 2013]. Arnaud Cathrine est traduit en allemand, hébreu et bulgare, et la plupart de ses titres sont parus en poche. Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma et au théâtre, dont Le Journal intime de Benjamin Lorca par Ninon Brétécher ou La Route de Midland adapté au cinéma par Éric Caravaca, sous le titre Le Passager.
Arnaud Cathrine aime confronter son écriture à d’autres champs artistiques, notamment la musique et le cinéma. Habitué des lectures musicales, il écrit des paroles pour le chanteur Florent Marchet [avec qui il a co-écrit le livre-disque Frère animal paru chez Verticales], ainsi que pour Joseph d’Anvers.
En savoir plus sur Arnaud Cathrine : www.arnaudcathrine.com
Éric Caravaca
Éric Caravaca, né en 1966, est acteur et réalisateur. Habitué du cinéma d’auteur, il accède à la reconnaissance avec C’est quoi la vie ? [François Dupeyron] pour lequel il obtient le César du meilleur espoir en 2000. Sa solide formation de comédien – École de la rue Blanche, conservatoire, Actors Studio aux États-Unis – lui permet d’appréhender le théâtre classique, notamment dans des pièces mises en scène par Thomas Ostermeier ou Alain Françon.
Il joue aussi au cinéma dans des œuvres engagées comme La Chambre des officiers [François Dupeyron, 2001] ; Son frère [Patrice Chéreau, 2003] ; La Raison du plus faible [Lucas Belvaux, 2006] ; Eden à l’ouest [Costa Gavras, 2009]. Il évolue aussi dans un registre plus léger : Les Ambitieux [Catherine Corsini, 2007], Cliente [Josiane Balasko, 2008]… En 2006, le comédien devient réalisateur avec Le Passager, drame sur le deuil adapté du roman d’Arnaud Cathrine La Route de Midland, salué par la critique. En 2017, il réalise Carré 35, un film documentaire nominé aux César, dont il coécrit le scénario avec Arnaud Cathrine.
Parallèlement à son métier d’acteur, Éric Caravaca pratique la photographie depuis son adolescence avec une parfaite maîtrise technique, un goût prononcé pour le moyen-format et une chromie toute personnelle.