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Kashmir. Wait and See


45,00

Un essai visuel saisissant qui documente les réalités humaines et les tensions géopolitiques du Cachemire, à travers des photographies contemporaines et des archives historiques

Photographies
Cédric Gerbehaye

Textes
Nathalène Reynolds, Sultan Ali

 

Parution septembre 2025

UGS : KASH Catégorie :

Indisponible

Le Livre

Kashmir. Wait and See est un ouvrage qu’on pourrait qualifier d’essai visuel, documentant la vaste région du Cachemire, des deux côtés de la Ligne de Contrôle, entre l’Inde et le Pakistan. Ce territoire, à l’origine d’un des conflits mondiaux actuels les plus vifs, couvre le Jammu-et-Cachemire et la vallée du Srinagar en Inde, ainsi que l’Azad Cachemire et le Gilgit-Baltistan au Pakistan. Il inclut également la zone militaire de la Ligne de Contrôle (LoC) du côté pakistanais, un espace strictement interdit aux étrangers, encore plus aux journalistes, auquel l’auteur, Cédric Gerbehaye, a pourtant obtenu un accès exceptionnel.

En 1947, nommé vice-roi des Indes pour en préparer l’indépendance, Lord Mountbatten est contraint, faute de parvenir à convaincre musulmans et hindous de cohabiter dans un État unique, d’organiser en catastrophe la partition du pays. Un juriste britannique ignorant tout des affaires indiennes, Sir Cyril Radcliffe, trace alors en quelques semaines une frontière artificielle entre les nouveaux voisins, l’Inde et le Pakistan. Le statut du Jammu-et-Cachemire, ancien État princier de l’Himalaya, est à l’origine de la Première Guerre indo-pakistanaise (1947-1948). Aux termes d’un cessez-le-feu signé sous égide de l’ONU en 1949, la région est divisée en deux : le Pakistan obtient le Gilgit-Baltistan au nord et une zone qu’il baptise Azad Cachemire (« Cachemire libre »), tandis que l’Inde conserve une part du Jammu-et-Cachemire à majorité musulmane ainsi que le Ladakh bouddhiste, le long d’une « ligne de faille » connue sous le nom de Line of Control (LoC). Une petite portion du Cachemire, l’Aksaï Chin, est aujourd’hui administrée par la République populaire de Chine, mais revendiquée par l’Inde. Cette immense zone montagneuse reste le lieu de guerres et de confrontations de plus ou moins haute intensité entre les trois pays, en faisant l’une des régions les plus militarisées du monde.

Le Pakistan et l’Inde en particulier n’ont cessé de se disputer leur partie respective du Cachemire. En 1965, le ministre des Affaires étrangères pakistanais, Zulfikar Ali Bhutto, déclarait devant le Conseil de sécurité de l’ONU qu’il était prêt à « livrer une guerre de mille ans pour libérer le Jammu-et-Cachemire » dont le peuple « fait partie du Pakistan dans son sang, dans sa chair, dans sa vie, apparenté à [lui] par sa culture, sa géographie, son histoire ». À la fin des années 1980, les tensions s’accroissent entre le gouvernement indien et la population cachemirie qui n’accepte pas sa domination. Une insurrection armée éclate à l’été 1988, qui conduit à l’émergence d’un grand nombre de groupes militants, parfois en compétition les uns avec les autres, animés par l’idée, les uns de faire du Cachemire une nation indépendante, les autres d’intégrer en effet le Pakistan.

Le conflit asymétrique qui en résulte, entre les deux puissances devenues nucléaires, se poursuit aujourd’hui. Les 600 000 soldats déployés au Jammu-et-Cachemire – et, à travers eux, aux yeux des Cachemiris, l’État indien – sont responsables de la mort de plus de 70 000 civils et de nombreuses violations des droits humains, dont des milliers d’arrestations et de disparitions forcées.

À l’origine, la Ligne de Contrôle devait être temporaire. Un référendum devait permettre aux Cachemiris de choisir de rejoindre l’Inde ou le Pakistan. Il n’a jamais eu lieu. De nombreux Cachemiris craignent ainsi que la frontière temporaire ne devienne définitive. « Wait and see » s’est souvent entendu dire le photographe Cédric Gerbehaye au cours de ses reportages. Cette expression, qui souligne une position attentiste de part et d’autre – et, au-delà, à l’échelle du monde – lui a inspiré le titre de ce livre.

À ce jour, le conflit qui oppose les deux pays est le plus ancien jamais résolu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec le conflit israélo-palestinien.

Le livre Kashmir. Wait and See vise à mettre en lumière les réalités humaines de ce territoire hautement stratégique, situé au carrefour des chaînes de l’Himalaya, du Karakoram et de l’Hindu Kush. Au cœur de ce nœud montagneux et d’un conflit oublié, cet ouvrage nous plonge dans le quotidien des habitants du Cachemire, en Inde et au Pakistan. Il nous invite aussi à découvrir la diversité des identités et des cultures qui jalonnent la Karakoram Highway, cette route reliant Islamabad à Kachgar à travers un col situé à 5 000 mètres d’altitude. Littéralement taillée dans la roche dans les années 1960 et 1970 par la Chine et le Pakistan, cette route ambitionnait de transformer une ancienne branche de la Route de la soie en un corridor économique majeur pour toute la région.

L’approche historique du livre, qui intègre des collections locales de photographies datant du 19e et du début du 20e siècle, nous ramène également à l’époque des Rajahs, ces anciennes familles princières qui régnaient sur ces vallées avant la partition de l’Inde, et qui sont à la base du riche édifice culturel du Gilgit-Baltistan. Parallèlement à son exceptionnel travail de reportage, aidé sur place par des relais (historiens, photographes…), Cédric Gerbehaye a en effet patiemment collecté et numérisé des dizaines de documents d’archives appartenant à des collections publiques (archives nationales) et privées (albums de famille, fonds journalistiques).

Kahsmir. Wait and See établit donc un dialogue entre une impressionnante collection de photographies documentaires issues de plusieurs années d’enquête journalistique de terrain, une sélection d’archives historiques et vernaculaires inédites jusqu’alors, ainsi que des textes de deux spécialistes du Cachemire visant à révéler la complexité de l’histoire et de la situation actuelle de cette région du Sous-continent indien.

Les auteurs

Cédric Gerbehaye

Né à Bruxelles en 1977, Cédric Gerbehaye est photographe documentaire et réalisateur. Son travail se concentre particulièrement sur la condition humaine et les droits humains, explorant des territoires à la fois lointains et familiers, à travers des essais photographiques au long cours, des web-documentaires et des films documentaires. Il est l’auteur de cinq ouvrages publiés aux éditions Le Bec en l’Air. Congo in Limbo (2010), Land of Cush (2013), Sète#13D’entre eux (2015) et Zoonose (2022). Son travail a été récompensé par plusieurs prix internationaux, dont le Prix Olivier Rebbot du Overseas Press Club of America, un World Press Photo, le Prix Média d’Amnesty International, le Prix SCAM–Roger Pic, ainsi que le Prix Lucas Dolega. Ses projets ont bénéficié du soutien du Pulitzer Center on Crisis Reporting, de la Magnum Foundation et du Centre national du cinéma et de l’image animée. Ses photographies ont été publiées dans The New YorkerThe New York TimesTime MagazineNewsweekThe Washington PostThe GuardianGEOStern et Le Monde. Il est également Explorer (explorateur) pour la National Geographic Society et contributeur régulier du National Geographic Magazine. Ses œuvres font partie des collections du FotoMuseum d’Anvers, de la Maison européenne de la photographie à Paris, du Musée de la photographie de Charleroi et du Museum of Fine Arts de Houston. Il est également le réalisateur d’un long-métrage documentaire, La Peine, sorti en salles en France en février 2025.



Nathalène Reynolds

Nathalène Reynolds est une historienne qui a consacré l’essentiel de ses recherches au conflit indo-pakistanais, en particulier à la question du Cachemire. Titulaire d’un doctorat en Histoire des relations internationales (Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne), elle a été chercheuse associée au Centre d’études asiatiques de Genève de 2004 à 2012. Elle a également été Associate de la Pakistan Security Research Unit (PSRU) de l’université de Durham (Angleterre). Elle est membre du Réseau de recherche sur les opérations de paix (ROP) de l’Université de Montréal et membre de l’European Asia-Pacific Network of Research and Expertise (Eurasiane). Ses travaux offrent une perspective approfondie sur des aspects souvent négligés du conflit indo-pakistanais. Elle est l’autrice de Le Cachemire dans le conflit indo-pakistanais (1947-2004), coll. « Points sur l’Asie », L’Harmattan, Paris, 2005, et de La vie quotidienne des Cachemiris au temps de la militance (1988-2019), coll. « Recherches asiatiques », L’Harmattan, 2021. Elle publie régulièrement des articles de fond, notamment dans la revue Questions internationales, publiée par La Documentation française. Nathalène Reynolds a séjourné de longues années en Inde et au Pakistan pour ses recherches. Reconnue pour son analyse détaillée de ce conflit complexe, elle est capable d’écrire sur les deux pays. Elle vit désormais à Genève.



Sultan Ali

Sultan Ali a étudié au National College of Arts de Lahore, au Pakistan, où il a obtenu un Master de philosophie en études culturelles et du patrimoine. Depuis 2013, il participe à des projets axés sur le patrimoine matériel et immatériel, les archives numériques et physiques, l’histoire orale ainsi que l’utilisation architecturale des bâtiments urbains historiques au Pakistan. Il s’intéresse particulièrement à la manière dont la mémoire et le patrimoine sont utilisés ou détournés pour construire des histoires et des identités. En 2014, Sultan Ali a fondé le Mountain Heritage Archives (MHA), un ambitieux projet de conservation d’archives au Pakistan destiné dans un premier temps à préserver le patrimoine documentaire du Gilgit-Baltistan, l’une des régions les plus vulnérables du Pakistan, et celui du Cachemire. Conscient des menaces pesant sur ces archives – changement climatique, migration, violences sectaires et absence d’institutions dédiées – Sultan Ali a lancé ce projet visant à numériser et à rendre accessibles manuscrits, livres rares, photographies, récits oraux et archives audiovisuelles. Le MHA implique les communautés locales et les étudiants dans cet effort de conservation. Sultan Ali espère sensibiliser les institutions, les décideurs et la société civile à l’importance du patrimoine documentaire comme élément de cohésion culturelle et historique, « conscient, dit-il, de la gravité de la situation et des risques auxquels est confronté le patrimoine documentaire. »



Caractéristiques

Dimensions 21 × 25,6 cm
Isbn

978-2-36744-204-4

Nombre de pages

192

Langue(s)

français / anglais

Photographies

130 photographies en noir et blanc

Couverture

cartonnée

Parution

2025