Couverture du livre Dystopia

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une lame de fond balaye les campagnes françaises : il faut nourrir une population épuisée et faire entrer le progrès dans un monde paysan jugé archaïque, voire arriéré. Progrès technique et progrès social semblent alors marcher de pair dans l’effervescence d’une « modernisation » menée au pas de charge. […] Un demi-siècle plus tard, le constat est amer : depuis les années 1970, 60% des agriculteurs ont disparu et parmi les survivants le suicide a un taux de prévalence de 20% supérieur à la moyenne nationale, l’érosion des sols s’aggrave sans cesse avec la perte de la matière organique, indispensable à la vie, des centaines de races animales ont disparu, les pesticides se retrouvent dans nos assiettes et les algues vertes sur les côtes, le modèle agro-alimentaire breton est en faillite tandis que la faim gagne dans le monde.
Derrière la « modernisation » se dissimulait une industrialisation encouragée par l’État, l’utopie des années 1960 est devenue dystopie. […] 2030 c’est déjà demain.

– Patrick Herman, Dystopia, 2015, avec les photographies d’Alexa Brunet

Une immense tristesse nous envahit en publiant cet extrait car Patrick nous a quittés le 1er avril. Journaliste et paysan, infatigable militant, aux côtés du monde paysan, des migrants et des « empoisonneurs de tous poils », il avait su dans Dystopia – un livre dont le titre résonne avec force aujourd’hui – nous alerter sur les dérives de l’agriculture et ses conséquences sur la santé publique. Nous pensons beaucoup à lui et adressons toutes nos condoléances à ses proches et à ses compagnons de lutte, du Larzac et d’ailleurs.

 

En relisant en patientant, une chronique de confinement par Le Bec en l’air