Couverture du livre Les Chemins égarés

C’est un moment de la vie. Ce n’est pas toute la vie, parce qu’elle n’y suffirait pas, mais c’est un moment, et après on arrête parce qu’on sent que ça n’a pas de fin, qu’on y laissera peau et os si on s’attarde, qu’on finira étouffé, aveuglé ou les deux par ce petit réduit de désir insatiable auquel on est contraint. Alors on dégage, on s’arrache, l’arrachement vaut mieux que la déchirure, on va voir ailleurs. On n’est pas tous comme ça, certains persistent, pour certains c’est toute la vie, on ne sait trop comment ils s’y prennent, on voit bien que ça ne leur fait pas le même effet, qu’ils ne coulent pas leurs jours au bord de la dissolution, on est admiratif le plus souvent, pas envieux pour autant, on se dit simplement que c’est très bien ainsi.

– Mathieu Riboulet, Les Chemins égarés, 2017, avec les photographies d’Amélie Landry

 

En relisant en patientant, une chronique de confinement par Le Bec en l’air