Le Livre
Nourrie par sa recherche sur les liens entre humain et paysage, la photographe anglaise Polly Tootal s’est intéressée à la main-d’œuvre étrangère qui travaille aux Émirats arabes unis, et ne cesse de croître.
Au cours de trois voyages réalisés sur trois années, elle est partie à la rencontre des travailleurs migrants originaires d’Inde, du Bangladesh, du Pakistan, d’Érythrée ou encore des Philippines, qui construisent les villes de Dubaï et d’Abu Dhabi. Polly Tootal les a photographiés dans l’enceinte ou à proximité des camps de travailleurs où ils vivent, quadrillages de rues poussiéreuses situées à des heures de bus de leurs chantiers, où se recrée malgré tout l’absurdité d’un « chez soi » transitoire et contraint. Ne séjournent ici que des communautés strictement masculines, dans des dortoirs rudimentaires mis à leur disposition par les sociétés qui les emploient. Ces hommes consacrent leur force de travail à accroître la prospérité et les privilèges d’une nation parmi les plus prospères et privilégiées du monde, en échange de salaires indécents. À la détresse commune d’être séparés de leur famille par l’expérience d’un quotidien de labeur épuisant, seules les amitiés provisoires semblent pouvoir apporter un modeste réconfort.
L’image que construit la photographe est bien loin de celle des gratte-ciel scintillants qui font la réputation de Dubaï et redonne à ces hommes ni plus ni moins qu’une part de leur dignité.